Les bruissements d\'ailes ... d\'un nid à bestioles !

Les bruissements d\'ailes ...   d\'un nid à bestioles !

Notre parcours !

Papillon a été à l'école de la maternelle au CE1.

Comme la plupart des parents, je pensais, l'école obligatoire.

Je souligne bien obligatoire !

Tout à fait par hasard en parcourant un forum, j'ai lu un sujet qui traitait de l'école et de ses problèmes. Une maman a évoqué son expérience de famille se chargeant de l'instruction de ses enfants de niveaux différents.

J'ai cherché à comprendre si ils avaient un problème de santé ou autre pour être scolarisés à la maison. Mais non rien. Ils allaient parfaitement bien.

L'instruction en famille, je ne savais pas du tout ce que c'était. Au fur et à mesure de mes lectures, j'ai appris que l'école n'est pas obligatoire ! Seule l'instruction l'est !

 

Ca a été un grand bouleversement ! Pourquoi ?

1/ parce que ce n'est pas ce que l'on nous apprends dès le plus jeune âge pour commencer.

2/ parce que devenue mère, j'ai alors eu quelques raisons de sérieusement m'inquiéter de "l'état de l'école" et de ce qu'elle ferait de ma fille.

Mais entre nous, et de manière tout à fait honnête, suis-je la seule ?!

Quand on s'intéresse, un tant soit peu, à la scolarité de ses bestioles, qui n'a pas ne serait-ce une remarque à faire, des interrogations, des inquiétudes concernant :

- l'incohérence des méthodes d'apprentissage

- les évaluations en maternelles

- l’humiliation publique

- les classes surpeuplées qui ressemblent plus à de l'élevage en batterie 

- le trop peu d'enseignants à l'écoute de leurs élèves

- la surdité de l'éducation nationale face à ces mêmes enseignants,

- les rythmes scolaires : journées trop longues, trop chargées

- les devoirs, qui sont, je le rappelle, interdit à l'écrit

- la violence sous toutes ses formes qu'elle vienne des enseignants, des élèves, du manque de personnel ou des méthodes d'éducation

- la compétition toujours plus accrue

J'en oublie sûrement.

 

A partir de ce moment j'ai lu tout ce qui m'est passé sous les yeux concernant l'instruction en famille via des blogs, sites, témoignages, textes, bouquins etc.

Je me suis inscrite sur tous les forums.

Je me posai 1 milliard de questions.

J'y ai passé des heures !!!!

L'idée a fait son chemin non pas sans appréhension.

J’ai découvert un monde souterrain de l’ief, avec des réseaux de familles régions par régions, départements par départements, qui se rencontrent, se côtoient, s'aident, s'organisent. Des rencontres nationales annuelles organisées par les grandes associations.

Ce qui m'a le plus déroutée, c'est de constater le nombre de parents enseignants qui eux-même ne mettent pas ou retirent leur(s) enfant(s) du système scolaire classique.

J'ai découvert que les enfants en I.E.F sont statistiquement reconnus comme "de bons élèves". Leurs retours à l'école, ne pose de problèmes ni en terme d'éducation, ni d'instruction, ni d'intégration, ni de sociabilité, ni de socialisation...

Apprendre à papillon, avec papillon, l'idée était séduisante, intéressante.

Avoir un autre rythme de vie. Vivre autrement en apprenant autrement.

Ca correspondait totalement à l'orientation que je donnais à notre vie depuis quelque temps ... la liberté.

Cette liberté là, nous permettait de ne pas dépendre des calendriers scolaires.

Ca voulait donc dire pour papillon et son papa, qui habite loin, se voir plus souvent.

J'en ai parlé avec lui qui m'a demandé de lui envoyer tous les liens que j'avais sur le sujet. Il les a parcourus, particulièrement un topic de discussion tenu par des papas. Il m'a dit "on y va, je te fais confiance, on essaie une année".

 

La décision finale appartenait tout de même à papillon.  Nous ne pouvions pas la forcer. Nous devions discuter de cela avec elle, savoir où elle se situait par rapport à l'école, ses amies, son bien-être, et ses envies.

Elle a été surprise de savoir qu'elle n'était pas obligée d'y aller. Elle s'est de suite inquiétée de savoir si elle pourrait conserver ses amies et s'en faire de nouveaux et si nous continuerions à faire du vélo (c'était notre mode de transport quotidien).

Une fois que j'ai répondu à ses interrogations en précisant que ce serait un peu l'aventure, je ne pouvais l'assurer de rien, si ce n'est que je répondrai à sa demande de retour à l'école dès qu'elle la formulerait, qu'elle devait elle aussi  être consciente que c'était un essaie et que son retour en classe serait aussi envisageable si moi je ne me sentais pas/plus à l'aise.

Elle nous a donné son accord pour le primaire car elle tenait à rentrer au collège.

Papillon était alors scolarisée dans un établissement privé. L'annonce de sa déscolarisation n'a pas du tout été appréciée par le directeur de l'école, pas tant à cause de l'instruction en elle-même mais parce que papillon faisait partie des très bons élèves.

Alors, voilà à la rentrée du CE2 papillon n'a pas repris l'école.

Pendant la fin de l'été je me suis penchée sur notre organisation, les 1ères rencontres, les sorties culturelles, etc. Nous avons réalisé un planning hebdomadaire avec des étiquettes amovibles aux noms de différentes matières, que papillon gérait elle-même. Quel bonheur de voir ses yeux pétillants de joie lorsque le dimanche elle déplaçait ses étiquettes !

Je veillais à maintenir un équilibre dans l'apprentissage et la diversité des matières.

Parce que papillon aurait facilement travaillé que le français et l'histoire.

Avec le recul je me dis et alors.... il y a un temps pour tout !

Il faut savoir amener de façon créative, ludique les matières qui ont moins d'attrait. Se pencher sur certaines matières et faire que l'on apprend sans s'en rendre compte parce que l'on s'amuse c'est un véritable défi pour le parent.

La veille de la rentrée scolaire, nous étions toutes excitées à l'idée de savoir que le lendemain serait notre 1er jour de non-rentrée des classes.

Nous nous sommes réveillées un peu plus tard qu'à l'accoutumée et nous avons pris notre temps. C'était notre 1er jour après tout !

J'avais décidé qu'il était bon de maintenir un rythme horaire pour ne pas s'empâter. Nous commencions à 9h, nous finissions notre journée de travail vers les 13h00 en comptant les pauses récréatives.

 

Notre méthode de travail a souvent changée.

Nous nous sommes cherchées de bons mois en passant par cette fameuse "désintoxication scolaire". C'est à dire sortir des carcans de l'école. Nous avons dû trouver nos marques. D'une année sur l'autre notre organisation était différente.

J'ai eu du mal à abandonner mes habitudes très scolaires. Papillon elle a eu du mal à faire autrement que comme la maîtresse lui avait appris.

Et puis le temps aidant... nous avons appris à nous adapter à toutes les situations : 

- mon travail à mi temps dans le milieu de la seconde année. Elle m'y accompagnait

 - la naissance de bébé libellule l'an dernier qui a chamboulé l'ordre établit

A respecter toutes nos envies...

- travailler en pyjama

- en mangeant

- travailler dans le lit,

- l'après-midi, le soir, à la bibliothèque, dans un parc ...

- partir quelques jours

- procrastiner pendant 2 jours en se lovant devant un bon film, un super bouquin, ou à ne rien faire...

Tout ça c'est imposé à nous.

Nous n'avons jamais eu de lieu précis où travailler, aucune pièce dédiée (mais c'est mon rêve !!!!!). Juste un tableau dans sa chambre. Nous nous déplacions au grès de ses envies et du temps.

Papillon aime particulièrement travailler dans le lit ou par terre. Alors je me suis adaptée. J'utilise beaucoup le "nous", parce que je pense que l'ief c'est un travail d'équipe ! Il arrive que l'un n'est pas envie et que l'autre l'encourage. Et ce n'est pas toujours moi qui tire papillon.

Il arrive qu'aucune de nous deux n'ai envie de travailler. Il faut apprendre à l'accepter. Parce que l'on ne fait jamais réellement rien. On apprends dans tout ce que l'on fait, lis, regarde. On apprends même lorsque l'on reste à rêver.

Papillon s'est de suite sentie à l'aise avec la liberté que je lui laissais pour gérer sa journée. Elle était ravie de ranger son travail et de disposer du reste de sa journée comme elle l'entendait.

J'étais au tout début, particulièrement tendue, stressée, parce que je me savais observée ! Certains attendaient juste que je me plante !

L'annonce de la déscolarisation en a surpris plus d'un (ce que je peux comprendre, on pense tous que l'école est obligatoire) et papillon étant bonne élève on ne voyait pas du tout l'utilité de la chose.

Cela a donné lieu à de violentes réactions : "mais qu'est-ce que tu vas t'emmerder à faire ça !!???!!". Ou encore sous-entendant que je n'en serais pas capable n'ayant en poche que mon baccalauréat ! Ca m'a profondément choquée, meurtrie ...

 

Au fil du temps, j'ai appris à prendre beaucoup de recul face à l'école, l'instruction de papillon et aussi surtout face aux réactions de certaines personnes.

Mais nous rencontrions parfois aussi des gens curieux de notre pratique, admiratifs. Parfois même, certains nous rapportaient leurs expériences malheureuses de l'école.

Au fil du temps je suis devenue plus forte, j'ai avancé dans mes réflexions et j'en suis venue par exemple à vouloir abandonner le système de notation qui ne représente plus rien pour moi mais papillon elle, y est encore attachée.

Avoir appris de moi-même, de papillon, avoir un autre regard sur le monde de l'instruction ne fait pas de moi un parent sans faille ni faiblesse.

Je connais des périodes de doutes,  de remises en questions.

Parfois j'ai peur. Enfin ! Les autres me font peur avec leurs petites phrases assassines qui ne sont pas sans conséquences sur moi ou sur papillon. Parce qu'elle n'est pas épargnée non plus !

Un jour elle m'a dit : "maman ce n'est pas parce que je fais l'école à la maison que je serai femme de ménage et ce n'est pas non plus parce que j'aurai été à l'école que je serai devenu médecin !!".

 

Comme tout parent, je craque parfois moi aussi !

Et alors je n'en ai pas le droit parce que l'ief est un choix de ma part ?

Tout ne tourne pas systématiquement autour de l'ief d'ailleurs !

Je suis une maman qui éduque sa fille !

En tant que parent vous voyez très certainement de quoi je parle ...

Parentalité ne rime pas avec un long fleuve tranquille que nos enfants aillent à l' école ou pas...


Les trois 1ères années nous avons suivies les cours de français et de mathématiques, puisque ce sont les matières fondamentales, auprès d'un organisme par correspondance, EAD en Belgique.

Pour l'histoire et la géographie de France, l'éducation civique, je me suis tournée vers la librairie des écoles, qui fournit des manuels très bien résumés, complets et tout à fait abordables.

Nous avons aussi le loisir d'étudier les matières que nous voulons, comme "l'histoire de l'Art". Et d'en mettre d'autres à plus tard, comme "les sciences et vie de la terre" (hormis le corps humain).

Nous allons beaucoup à la bibliothèque, nous visionnons beaucoup de films, de documentaires qui traitent d'un sujet précis.

En travaillant avec d'autres enfants (oui nous avons des projets communs) nous avons découvert les "lapbooks". Ce sont des dossiers très ludiques qui sont réalisés par l'enfant avec l'aide de l'adulte, sur le sujet de son choix. Nous nous sommes beaucoup amusées à chercher, découper, colorier, coller, mettre en page et en forme. Papillon est très fière de ses lapbooks.

Nous avons fait de belles rencontres qui se sont renouvelées ou pas.

Les camarades d'école de papillon ne lui manque pas. Elle voit régulièrement celle qu'elle tenait particulièrement à garder comme amie. Et puis elle s'en est fait d'autres  même si elle ne les voient pas régulièrement.

L'important est qu'elle ne soit pas "en manque de lien".

D'ailleurs, je ne me suis jamais inquiétée de cet aspect là. Elle fréquente le conservatoire depuis l'âge de 4 ans. Nous recevons beaucoup de ses copines, les week-ends, pendant les vacances.

Papillon a une "vie sociale" bien plus fournit que la mienne ...!


Ainsi, l'année d'essais s'est renouvelée 3 ans de suite.

Rien n'est jamais tout beau, tout moche, tout noir, tout blanc...

Rien n'est jamais parfait !

Il y a eu des hauts, des bas, de petites et grandes déceptions,  des colères, des victoires, de petits et grands bonheurs avec malgré  tout cette envie commune de continuer l'aventure.


La visite de l'inspectrice de l'éducation nationale pour notre contrôle annuel c'est très bien passée (la 1ère en 3 ans). Nous étions craintives car je ne savais pas comment elle allait évaluer notre travail. Elle avait l'habitude de contrôler des familles ayant fait ce choix.

J'ai été rassurée sur ma méthode, les manuels employés qu'elle connaissait et sur le fait qu'elle relève que papillon était épanouie, qu'elle s'exprimait bien, qu'elle était vive et cultivée. Elle nous a soumi des pistes à explorer. Elle m'a même suggéré un site pour tester le niveau de papillon quand nous en aurions envie au cours de l'année afin de continuer sereinement nos avancées et préparer le prochain contrôle académique.

Papillon a été testée en français et en math. Nous avons noté les notions à revoir ! Rien de dramatique ! Quel soulagement pour elle comme pour moi.

 

Nous voilà aujourd'hui à l'aube de notre 4ème année ! 

Malgré les difficultés, nous avons trouvé notre équilibre, presque notre rythme de croisière et nous sommes plus que jamais motivées car ...

 

... Souvenez-vous papillon voulait rentrer au collège ...

Ce n'est plus le cas !

Elle fera donc sa 6ème à la maison.

En espérant que l'année se passe bien.

 

Et la 5ème ? maison, école ?

 

 



26/08/2012
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