Qu'est-ce que l'Attachment Parenting ?
C'est un article diffusé sur : Enfants de l'Avenir et qui correspond parfaitement aux propos d'un des chapitres d'un livre que j'ai fini il y a peu "Le bambin et l'allaitement".
L'auteure souligne d'ailleurs, que l'on préfèrera employer le terme "attachement" plutôt que "dépendance" qui sera perçu de manière négative.
Le pédiatre américain William Sears est le premier à avoir consacré le terme d'attachment parenting, avec la parution de son best-seller en 2001.
Parfois traduit inadéquatement par "maternage proximal", le terme attachment parenting, bien connu dans les pays anglo-saxons, n'a en réalité pas d'équivalent en français. Car tout d'abord, le terme parenting, s'il devait être traduit littéralement sans craindre les anglicismes, correspondrait à "parentage" et non à "maternage". Chacun aura saisi la nuance. Quant au terme "proximal", il n'exprime que très partiellement tout ce que la notion d'attachment regroupe.
L'organisation Attachment Parenting International, la plus grande ressource en ligne sur le sujet, définit comme suit l'attachment parenting :
"La vision élargie de l'attachment parenting est d'élever des enfants qui, une fois adultes, seront dotés de grandes capacités relationnelles et capables d'empathie. L'attachment parenting exclue la violence comme mode éducatif, et ce faisant contribue à prévenir la violence dans l'ensemble de la société."
L'attachment parenting s'inscrit donc clairement dans le spectre de d'éducation bienveillante dont elle constitue la base.
La théorie de l'attachement
L'attachment parenting s'appuie sur la théorie de l'attachement, laquelle fut formulée pour la première fois dans les années 60 par le psychiatre John Bowlby, et approfondie depuis par nombre de chercheurs en psychologie du développement de l'enfant et en neurologie. Ces recherches supportent l'idée que pour assurer le développement optimal de l'enfant, la création d'un lien fort et sécurisant entre l'enfant et la personne qui en prend soin (de préférence la mère) est nécessaire. Ce lien se créé notamment par le contact physique (peau à peau entre autres), par la réponse appropriée et rapide aux besoins de l'enfant et par la continuité des interactions avec l'enfant au cours des premiers mois de sa vie.
L'attachment parenting s'appuie plus précisément sur les recherches des théoriciens de l'attachement effectuées au cours du demi-siècle dernier pour préconiser et remettre au goût du jour un certain nombre de pratiques éducatives tombées en désuétude ou controversées, garantes de cet attachement :
- L'accouchement naturel
Aux Etats-Unis, beaucoup de familles pratiquant l'attachment parenting choisissent d'accoucher à la maison avec l'aide d'une sage-femme. En effet, la surmédicalisation et les pratiques de routine invasives en milieu hospitalier sont vues comme autant de facteurs anxiogènes pour la mère et le bébé, susceptibles d'interférer avec le processus naturel d'attachement mère-enfant pendant et juste après l'accouchement. D'autres parents optent pour l'hôpital, mais en refusant un certain nombre d'interventions "de routine" comme le déclenchement médicamenteux, la péridurale ou encore le monitoring, et insistent pour garder le plus possible leur enfant auprès d'eux après la naissance.
- L'allaitement
L'allaitement, au-delà de ses avantages indiscutables en termes de nutrition et de santé, est l'un des moyens les plus naturels et efficaces pour créer le lien d'attachement mère-enfant. L'allaitement peut être utilisé efficacement pour calmer et sécuriser un nourrisson, et répondre ainsi non seulement à ses besoins vitaux de nourriture, de chaleur et de contact mais aussi à ses besoins émotionnels. Lorsque le lien d'attachement est fort, l'allaitement peut se prolonger naturellement pendant plusieurs années, jusqu'à ce que l'enfant se sèvre de lui-même.
- Le cosleeping ou "cododo"
Dans les familles pratiquant l'attachment parenting, les bébés et jeunes enfants dorment souvent avec leurs parents. Un nourrisson a des besoins la nuit aussi, durant laquelle le lait, la chaleur et la proximité de sa mère lui sont tout aussi nécessaires que pendant la journée. Laisser un bébé pleurer dans une pièce séparée jusqu'à endormissement par épuisement revient à négliger ses besoins fondamentaux et à l'exposer à la détresse de se sentir abandonné par ses parents dont il est dépendant pour sa survie. Le fait de partager le lit avec son bébé facilite en outre l'allaitement nocturne en évitant réveils et déplacements intempestifs.
- Le portage
Porter son bébé en écharpe ou dans un porte-bébé n'est pas seulement bien pratique lorsqu'on se déplace.
Cela permet au bébé de rester bien au chaud et en sécurité contre sa mère ou son père, d'accéder au sein, de dormir paisiblement ou au contraire d'explorer le monde de ses yeux. Certains parents ne pourraient d'ailleurs pas s'en passer, puisque le bébé porté, ses besoins de contact et de sécurité comblés, tend à laisser plus de disponibilité au porteur qui peut vaquer à de multiples activités tout en ayant l'assurance du bien-être de son enfant. Le portage est donc une autre composante essentielle du renforcement du lien d'attachement.
- La présence parentale
Les chercheurs ayant développé la théorie de l'attachement mettent en avant l'importance de la continuité de la relation entre le bébé et la personne qui en prend soin (idéalement la mère). D'ailleurs, il n'est nul besoin d'être psychologue pour comprendre qu'un enfant ballotté de nourrice en nourrice, de la crèche à la garderie, qui ne voit ses parents que quelques heures par jour et est laissé seul face à ses pleurs la nuit, aura les plus grandes difficultés à construire une relation d'attachement saine avec qui que ce soit. C'est pourquoi dans la plupart des familles pratiquant l'attachment parenting, au moins un des parents reste à la maison au moins pendant les deux premières années, c'est-à-dire l'âge auquel l'enfant est capable de comprendre que le parent qui part travailler reviendra le soir, et qu'il n'est donc pas abandonné.
Une approche révolutionnaire ?
Oui et non.
L'attachment parenting, d'une certaine façon, est un retour à des comportements pratiqués de façon instinctive (sans l'appui de telle ou telle recherche) par nos ancêtres. Par exemple, il est intéressant de noter que le fait d'isoler un nourrisson dans une chambre séparée la nuit n'est "la norme" que dans les pays occidentaux, et depuis seulement un siècle environ.
Cependant, la théorie de l'attachement a ceci de novateur qu'elle bouscule l'héritage de la théorie freudienne des pulsions, laquelle est encore la base de l'éducation conventionnelle actuelle et contribue à justifier depuis plus d'un siècle les pratiques "éducatives" violentes issues de la culture judéo-chrétienne. Selon Freud, l'enfant naîtrait avec des orientations malsaines qu'il conviendrait de mater afin d'en faire une personne respectable. Les besoins de l'enfant étant vus comme des "pulsions", il est acceptable et même souhaitable de les ignorer, ou de n'y répondre que dans le cadre strict des fameuses "limites" définies par les parents. Ainsi, selon la théorie des pulsions, ce seraient les castrations et les frustrations qui permettraient à l'enfant de grandir.
La théorie de l'attachement, à l'inverse, soutient que c'est la satisfaction des besoins de l'enfant (notamment besoin de sécurité) qui lui permet de grandir sereinement. Les besoins de l'enfant sont reconnus pour ce qu'ils sont et donc nourris. Les comportements déviants sont vus comme des symptômes de carence ou de satisfaction inadéquate de ces besoins.
Comme l'a montré Alice Miller, les prédateurs sexuels et autres criminels ont tous un historique d'enfance violente et traumatisante. L'attachment parenting comprend que la violence éducative n'est pas un moyen efficace de lutter contre les "déviances" des enfants, mais qu'elle est au contraire le plus sûr moyen de les créer et de perpétrer le cycle de la violence.
Ainsi, le remplacement progressif du paradigme de l'éducation conventionnelle par celui d'une éducation bienveillante basée sur l'attachment parenting s'inscrit dans le mouvement naturel de l'évolution.
Il est du ressort de chacun d'oeuvrer dans le sens de cette transition.
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